Comprendre le Coût du raffinage* - septembre 2023
En d’autres termes
- Le Coût du raffinage est calculé par différence entre les prix de vente des produits finis aux prix du marché de Rotterdam (européen) et le prix d’achat du pétrole brut (mondial) livré en raffinerie.
- Les raffineurs européens raffinent du brut et vendent leur production sous forme de produits finis pétroliers au prix de Rotterdam.
- Les prix de Rotterdam correspondent donc aux prix auxquels un distributeur peut acheter des produits finis pétroliers (dont les carburants), qu’ils soient produits par une raffinerie européenne ou qu’ils soient importés en Europe.
Avec les revenus correspondant à ce coût, les raffineurs doivent couvrir 4 types de dépenses
- Frais variables : énergie (électricité), achats de quotas d’émission de CO2, catalyseurs.
- Frais fixes : dépenses de fonctionnement de la raffinerie dont les frais de personnel, maintenance des unités de production et de stockage des produits pétroliers, bâtiments, sous-traitance.
- Amortissement des investissements : sécurité, protection de l’environnement, qualité des produits finis, les projets de transition énergétique.
- Taxes (nationales et locales) & Impôt.
Le niveau de Coût du raffinage était, en moyenne historique (avant covid), insuffisant pour couvrir les frais et investissements des raffineries, cités plus haut. Ceci s’est traduit par la fermeture de quatre raffineries sur le territoire métropolitain entre 2010 et 2013 et la transformation de deux autres sites en « bioraffinerie » quelques années plus tard.
Depuis l’automne 2021, les surcoûts liés à l’énergie (les prix de l’électricité et du gaz naturel ont été multipliés par 10, et sont encore à ce jour deux fois plus élevés que leur niveau d’avant covid (électricité à 100 €/mWh vs prix historiques 50 €/mWh et gaz naturel entre 35 et 40 €/mWh vs 20 €/mWh avant covid).
Par ailleurs le coût d’achat de quotas d’émission de CO2 par les raffineries sont passés d’environ 5 à 10 €/tonne de CO2 sur la période (2010-2020) à plus de 85 €/tonne de CO2 aujourd’hui.
Ainsi, le niveau de Coût du raffinage nécessaire pour couvrir l’ensemble des frais et investissements d’une raffinerie française est le double de celui qui était nécessaire avant covid.
Depuis de nombreuses années, la Direction Générale Energie & Climat (DGEC) a élaboré un indicateur de marge du raffinage facilitant la transparence sur l’économie du raffinage. Le Coût du raffinage (appelé Marge Brute de raffinage par la DGEC) qui résulte de ces calculs est exprimé en Euros par tonne de pétrole brut traitée.
Cet indicateur correspond à un coût « théorique » calculée sur la base d’une raffinerie « moyenne », représentative du raffinage en France. Cette configuration n’est pas une représentation exacte des six raffineries restant en France métropolitaine et par conséquent le résultat de ce calcul diffère de l’économie réelle de chacune des raffineries françaises, même s’il constitue un bon indicateur en tendance.
A ce jour, ce calcul ne tient pas compte des achats de quotas d’émission de CO2 de plus en plus importants en quantité, ni des achats d’électricité par les raffineries. En outre, la quantité de gaz consommé par tonne de brut traitée est sous-estimée.
Lien vers le calcul de la Marge Brute de raffinage DGEC https://www.ecologie.gouv.fr/prix-des-produits-petroliers#scroll-nav__2.
Eléments d’analyse des marges sur 2020 – 2023
L’historique disponible sur www.energiesetmobilites.fr montre que le coût du raffinage peut être très fluctuant.
- En 2020-2021 en période Covid, les activités de raffinage ont connu 15 mois de coût du raffinage très déprimés (de juin 2020 à août 2021), conséquence de la chute de la demande pendant les confinements alors que les raffineries continuaient à produire. Durant toute cette période, les raffineries ont néanmoins assuré à tout moment la sécurité d’approvisionnement du pays, en travaillant le plus souvent à perte.
- En 2022, le Coût du raffinage a augmenté et atteint un record historique lié à la montée des cours des produits finis pétroliers en raison de la guerre en Ukraine. Cette hausse a toutefois été en partie absorbée par l’envolée des prix du gaz, de l’électricité, et des quotas de CO2, ce qui a réduit d’autant le bénéfice net des raffineurs.
- Et pour cette année 2023, le Coût du raffinage, d’un niveau très moyen durant le premier semestre, est reparti à la hausse depuis le début de l’été.
Lien vers la Feuille de prix publiée par Ufip Energies et Mobilités, où figurent l’ensemble des prix du marché et des coûts calculés https://www.energiesetmobilites.fr/valeurs/datas/tab.
A quel moment pour un raffineur les prix du brut et des produits finis sont-ils fixés ?
« Nous ne sommes pas capables de prévoir l’évolution des prix »
- Aucune société pétrolière ne peut prédire l’évolution des prix pétroliers et donc ne peut se permettre de faire des paris sur cette évolution.
- Les raffineurs achètent tous les jours du pétrole brut et vendent des produits raffinés correspondant au fonctionnement de leur outil industriel. Ils essayent d’avoir en permanence dans leur processus d’achat et de ventes, des volumes équivalents de bruts et de produits raffinés avec des formules de prix basées sur les cotations des marchés internationaux du moment.
- Dépendant à la fois des cotations du marché mondial du pétrole brut - matière première des raffineurs -, et de celles du marché européen des carburants à Rotterdam - production des raffineurs -, le coût du raffinage est donc éminemment volatil. Il résulte de nombreux facteurs macro-économiques et géopolitiques que les raffineurs ne contrôlent pas, et il arrive souvent qu’ils perdent de l’argent.
* Pourquoi parler de « Coût » au lieu de « Marge » : Le mot « Marge » prête à confusion car il peut être compris comme étant la part de « bénéfice » global du raffinage. Il y a en effet confusion entre la Marge brute (avant déduction de l’ensemble des dépenses) et la Marge nette de raffinage (après déduction de l’ensemble des dépenses), qui représente effectivement le bénéfice du raffinage.